L’association de la classe et de l’étude : retour sur un modèle pédagogique disparu

Jusqu'aux premières décennies du XXe siècle, le travail personnel des élèves a été au cœur de l'enseignement secondaire, et a fait l'objet d'un encadrement par un corps de surveillants-répétiteurs. Ce dispositif, lié aux finalités et aux méthodes pédagogiques des humanités classiques, a été peu à peu mis à mal par la modernisation des contenus et des pratiques d'enseignement, avant de succomber au déclin de l'internat et aux effets de la massification. Parallèlement, une partie des pratiques pédagogiques extérieures à la classe s'est intégrée à la fonction professorale, malgré l'attention des professeurs à la hiérarchie des tâches et leur crainte d'un déclassement de leur fonction. Ce rappel de l'héritage historique de l'enseignement secondaire a pour objectif de mettre en perspective la question de l'aide individualisée aux élèves et celle de la répartition des tâches pédagogiques dans l'établissement. J usqu'au début du XXe siècle, l'enseignement secondaire a fondé sa pédagogie sur l'association de l'enseignement magistral et d'un encadrement du travail personnel des élèves. Ces deux fonctions étaient confiées respectivement à des professeurs et à des surveillants-répétiteurs appelés maîtres d'études ou répétiteurs au XIXe siècle. Ce modèle, qui remontait au XVIe siècle, époque de la naissance des collèges d'humanités1, s'est définitivement perdu à l'occasion de l'explosion démographique de l'enseignement secondaire, après la deuxième Guerre mondiale, et de la pénurie de professeurs qui en a résulté. C'est dans ces circonstances que les adjoints d'enseignement, derniers dépositaires de la fonction de surveillantrépétiteur, sont devenus une simple catégorie d'enseignants du secondaire [13]. Cette mutation a privé les lycées de ces personnels qualifiés et voués à l'assistance pédagogique au moment même où ils devaient faire face à un changement radical de leurs milieux sociaux et culturels de recrutement. Elle constitue donc un des premiers effets pervers de la massification de